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La cote de rendement au collégial, dite cote R, est l’outil que les universités se sont donné pour pallier les différences dans les systèmes de notation. Elle est notamment utilisée pour l’admission dans les programmes universitaires contingentés. Les résultats de la session de l’hiver 2020, perturbée par la pandémie de COVID-19, ne seront pas comptabilisés dans le calcul de la cote R. Même si cette décision n’a pas fait l’unanimité, elle a permis de ne pas accroître les iniquités provoquées par l’accès inégal aux moyens mis en place pour terminer tant bien que mal cette session inhabituelle. Les circonstances actuelles donnent l’occasion de remettre en question l’importance accordée à cet outil, dans la suite de quatre publications récentes du Conseil qui ont mis en lumière ses effets non désirés.
Dans son rapport Remettre le cap sur l’équité, le Conseil a reconnu que la cote R en elle-même, quoique très anxiogène, ne génère pas d’inégalités. Cependant, elle consacre des différences de traitement qui remontent à la petite enfance : les obstacles s’accumulent tôt dans le parcours d’un enfant n’ayant pas bénéficié de services de garde éducatifs, plus susceptible d’être jugé peu performant ou en difficulté au primaire. L’accès de cet enfant à un programme particulier au secondaire, qui alimenterait sa motivation et l’inciterait à poursuivre une scolarité postsecondaire, s’en trouve compromis. S’il s’inscrit malgré tout dans un établissement collégial, le système concurrentiel fondé sur la cote R risque de l’exclure des programmes universitaires les plus socialement valorisés, même s’il développe toutes les habiletés, les attitudes et les compétences requises.
Le Conseil a également souligné les limites de cette cote dans son rapport Évaluer pour que ça compte vraiment. Comme elle repose uniquement sur les résultats scolaires, elle ne témoigne pas de toutes les aptitudes d’une personne, notamment des savoir-agir et des savoir-être (collaboration, communication, responsabilité citoyenne, pensée critique, etc.) qui traversent le curriculum sans être associés à une discipline en particulier. De plus, la culture de compétition que la cote R nourrit ne favorise pas le développement de ces compétences et attitudes, pourtant de plus en plus recherchées. Sa prépondérance dans les critères de sélection élimine donc d’emblée des candidatures excellentes, sans pour autant garantir que les personnes retenues auront le profil recherché.
Le Conseil réitère ces constats dans les avis récents intitulés Les 50 ans des collèges : regard historique et perspectives et Les réussites, les enjeux et les défis en matière de formation universitaire au Québec, tout en insistant sur le fait que les pratiques de sélection qui prennent en considération l’intérêt et la motivation des personnes sont davantage porteuses. D’ailleurs, plusieurs programmes ajoutent d’autres critères à leur processus de sélection, par exemple des entrevues et des lettres de motivation. Cette session sans résultats chiffrés est une occasion concrète de prioriser ces autres façons d’évaluer, axées sur les compétences décrites comme essentielles au 21e siècle, et de mieux définir l’apport de la cote R dans le processus d’admission aux programmes contingentés.