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Détentrice d’un baccalauréat en administration des affaires et d’une maîtrise en aménagement du territoire et développement régional, Mme Bouchard compte plus de trente ans d’expérience au sein de la fonction publique québécoise. Elle a notamment contribué à l’élaboration de politiques publiques en environnement dans divers domaines dont la gestion des matières résiduelles, la gestion des pesticides et la gestion de l’eau.
À titre de secrétaire générale et de présidente par intérim du Conseil supérieur de l’éducation, elle a travaillé à l’amélioration des politiques éducatives pendant huit ans. Elle occupe depuis novembre 2018 les fonctions de directrice générale de la transition climatique au ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
Mme Bouchard, quels ont été les bons coups du Conseil réalisés sous votre présidence par intérim?
Au cours de la période où j’ai assumé l’intérim de la présidence, le Conseil a vécu de grandes turbulences : il y avait des discussions pour que le Conseil soit aboli. Je suis plutôt fière que mon équipe et moi-même ayons réussi, avec le soutien de tous les membres bénévoles, à traverser cette tempête en maintenant le cap, et à défendre la valeur du Conseil comme espace de réflexion et d’échanges pour le milieu québécois de l’éducation, grâce à ses avis et à ses rapports, notamment.
Je pense d’ailleurs que le rapport sur l’état et les besoins en éducation (2014-2016) Remettre le cap sur l’équité, un chantier amorcé par Claude Lessard, a été un bon coup. Il s’agit d’un grand rapport qui a mis en évidence comment certaines politiques publiques, même celles bien intentionnées, peuvent avoir des effets pervers sur le parcours des élèves. Par exemple, nous avons fait ressortir que les inégalités du système éducatif au secondaire creusent les fossés existants alors que ce même système devrait permettre de les faire disparaître, ou du moins de les atténuer. Ces inégalités peuvent même se perpétuer jusqu’au cégep et à l’université, a fait valoir le rapport.
Enfin, l’avis Pour une école riche de tous ses élèves : S’adapter à la diversité des élèves, de la maternelle à la 5e année du secondaire a marqué la période 2015-2018. Avec cet avis, nous avons plongé dans le thème de la diversité – économique, ethnique, socioculturelle, scolaire – au centre de la classe. Nous avons mené une vaste opération de consultation pour recueillir des données sur les bonnes pratiques et les outils utilisés par les gens au cœur de l’action éducative pour composer avec le défi de la diversité; un exemple était de trouver la manière d’inclure des élèves avec différents troubles d’apprentissages. Cet avis près des gens sur le terrain a d’ailleurs donné lieu à la création de la trousse Pour une école riche de tous ses élèves, qui contient des outils de transfert pour favoriser l’inclusion à l’école. Elle a été conçue avec la collaboration du Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec (CTREQ), à l’intention des équipes-écoles du primaire et du secondaire.
Quels ont été vos coups de cœur, et pourquoi?
Sans aucun doute, tous les membres du Conseil et de ses commissions! Je me rappelle l’engagement phénoménal et la grande collégialité des gens que j’ai côtoyés. Tous bénévoles, des gens de coeur qui s’investissent et qui veulent contribuer à améliorer le domaine de l’éducation. Je suis d’ailleurs restée en contact avec plusieurs anciens membres depuis que j’ai quitté le domaine de l’éducation.
J’ai également fort apprécié le bel espace inclusif de réflexion qu’est le Conseil : on y prend le temps de cogiter et de creuser des questions primordiales avec l’équipe professionnelle hors pair.
À votre avis, quel est le plus grand défi auquel sera confronté le milieu de l’éducation dans la période après-COVID?
La pandémie risque d’avoir creusé le fossé qui existait entre les élèves, les écoles et les familles. Avant la crise sanitaire, il y avait déjà un écart entre l’accès aux technologies dans les salles de classe et à la maison : certaines écoles et familles y avaient facilement accès, d’autres non. Mais la situation d’urgence a fait ressortir, et a sans doute même exacerbé, cette réalité.
Il va falloir des efforts considérables pour régler les problèmes liés à la pandémie et remettre le système scolaire sur ses rails. Et, surtout, il faudra prendre le temps de réfléchir aux bonnes solutions.