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Selon les données de l’UNESCO, la pandémie a affecté l’éducation de plus d’un milliard et demi d’élèves dans plus de 190 pays au plus fort de la crise en avril dernier. « Aujourd’hui, les écoles d’une trentaine de pays sont encore fermées », affirme Patrick Charland, professeur au Département de didactique de l’UQAM et cotitulaire de la Chaire UNESCO de développement curriculaire. Ces fermetures et les nouvelles règles sanitaires mises en place dans les écoles bouleversent de différentes façons les jeunes, le monde enseignant et toute la structure scolaire.
Ici au Québec, depuis le mois de septembre, des membres du personnel scolaire ont notamment remarqué certaines pertes d’autonomie chez les élèves. Ces derniers semblent s’être désorganisés, après avoir été laissés à eux-mêmes trop longtemps. Des enfants montreraient également une capacité d’attention réduite. Par ailleurs, l’enseignement de certaines matières est plus difficile. C’est le cas entre autres pour les sciences alors que, pour respecter le concept de bulles, plusieurs laboratoires ont été transformés en classes. Enfin, le corps enseignant vivrait un stress élevé, en lien avec celui vécu par les élèves.
« Nous voulons valider toutes ces perceptions et évaluer les effets de la pandémie sur le système scolaire québécois en évaluant le bien-être des enseignantes, des enseignants et de leurs élèves à l’aide d’échelles psychométriques et en sondant l’effet des mesures sanitaires sur les pratiques pédagogiques», explique le professeur Charland, qui travaillera en partenariat avec le Centre d’études sur l’apprentissage et la performance et avec la Chaire de recherche du Canada sur les différences de genre à l’école.
Le projet a obtenu du financement en septembre dernier de la part du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec ainsi que du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Des questionnaires seront distribués à plusieurs milliers d’élèves, d’enseignants et enseignantes. Une série d’entrevues sera menée à la fin de l’automne et au début de l’hiver avec des directions d’école, des responsables des mesures sanitaires, des enseignantes, des enseignants et des élèves de cinq écoles primaires et cinq écoles secondaires provenant d’au moins deux centres de services – en milieu urbain et semi-urbain.
« Nous désirons notamment faire des liens entre les règles sanitaires, les pratiques pédagogiques, la réussite scolaire et le bien-être des élèves et du personnel enseignant », précise Patrick Charland. Il explique que l’équipe de recherche aura accès aux résultats scolaires des élèves avant la pandémie afin de les comparer avec les bulletins de l’année scolaire 2020-2021. « Les analyses porteront également sur certaines caractéristiques sociodémographiques des jeunes, comme le genre, les langues parlées à la maison, les difficultés d’apprentissage, etc. ».
L’équipe de recherche espère ainsi mieux comprendre les conséquences d’un événement d’envergure comme la pandémie sur le milieu de l’éducation, afin d’émettre des recommandations qui permettront éventuellement d’adapter les plans d’urgence et de mieux cibler les directives sanitaires, en fonction des besoins des élèves et de ceux du personnel scolaire.