27/04/2021

Entre continuité et renouveau de 2018 à ce jour : la présidence de Maryse Lassonde

Comptant trente-cinq années d’expérience dans le domaine de l’éducation, dont onze à l’Université du Québec à Trois-Rivières et vingt-quatre, à l’Université de Montréal, Maryse Lassonde a été professeure invitée à l’Université Paris-Descartes, professeure honoraire à l’Université d’Auckland et nommée professeure émérite par l’Université de Montréal. Elle fut titulaire de la Chaire de recherche du Canada en neuropsychologie développementale de 2001 à 2013, présidente de l’Acfas en 1993, présidente du Conseil de l’Ordre national du Québec de 2008 à 2011, puis présidente de la Société royale du Canada de 2015 à 2017.

Après une longue carrière scientifique, Mme Lassonde est devenue directrice scientifique du Fonds de recherche du Québec-Nature et Technologies de 2012 à 2018 et elle est, depuis juillet 2018, présidente du Conseil supérieur de l’éducation.

Mme Lassonde, quels sont les bons coups du Conseil réalisés sous votre présidence?

À mon arrivée au Conseil, j’ai eu pour mandat de procurer une vision renouvelée du Conseil ancrée dans l’histoire, d’accentuer la présence de l’organisme en enseignement supérieur et de renforcer la visibilité du Conseil. Avec mon équipe, nous avons donc entrepris d’intensifier les liens avec les décideurs du milieu et les instances gouvernementales afin d’apporter un éclairage plus juste et d’influencer les décisions liées au système éducatif. La portée de notre message s’est également traduite par une diversification des productions du Conseil. À l’interne, nous avons augmenté l’effectif et revu l’organisation du travail. Le Conseil s’est finalement doté d’une nouvelle image et d’une charte graphique, son site Web a subi une refonte complète et il s’est ouvert aux médias sociaux en décembre 2019 en créant des comptes sur les plateformes Facebook, Twitter, LinkedIn et YouTube. Depuis l’ouverture de ces comptes, le Conseil connaît une croissance exponentielle sur les médias sociaux.

La création du Comité interordres de la relève étudiante (CIRÉ) est aussi un bon coup. Déjà quelques représentantes et représentants étudiants faisaient partie de certaines instances du Conseil, mais je trouvais qu’il importait de solliciter un plus vaste point de vue de la relève étudiante. En créant le CIRÉ, nous nous sommes vite aperçus que nous avions fait naître des besoins auprès des autres instances du Conseil : le CIRÉ est désormais régulièrement consulté par chacune d’entre elles. En moins d’un an, le CIRÉ a représenté la voix étudiante dans plusieurs grands chantiers au Québec dont celui sur l’université du futur et celui sur la réussite éducative à l’enseignement supérieur; il s’implique aussi dans des colloques, bref, il permet de faire entendre la voix de la relève au sein du Conseil.

Enfin, d’avoir créé et renforcé des partenariats est un autre bon coup. Plusieurs ont été formés avec les Fonds de recherche du Québec, plus particulièrement le Fonds de recherche du Québec-Société et culture (FRQSC), qui finance les projets de recherche en éducation. Nous avons accentué notre partenariat avec l’Institut du Nouveau Monde, créé un partenariat avec Savoir média pour la présentation de la série Comprendre pour apprendre, collaboré avec l’Acfas pour la tenue de colloques, mais aussi, conjointement avec le FRQSC, dans la création du Prix Acfas Jeanne-Lapointe, qui reconnaît la place des sciences dans l’éducation. À l’étranger, nous avons consolidé notre lien avec l’European Network of Education Councils, et en avons formé de nouveaux avec l’UNESCO. Pour finir, nous avons signé une entente de collaboration avec le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique du Maroc, et des initiatives communes ont vu le jour : partenariats Maroc-ENAP, Maroc-UQAM, colloques bilatéraux dans le cadre notamment de la Francophonie, etc.

Quels ont été vos coups de cœur, et pourquoi?

La qualité des gens qui travaillent à la permanence. Il s’agit d’un organisme où les gens se concertent et s’entraident en ayant sincèrement le Conseil à cœur. Au cours de la dernière année, j’ai pu constater l’engagement sans faille du personnel alors que toutes et tous ont fait preuve d’une mobilisation et d’une créativité sans commune mesure dans un contexte de télétravail. La qualité de la recherche qui s’y fait est remarquable et c’est pour cette raison que nous avons relancé la série Études et recherches, qui permet autant de voir l’évolution des travaux des instances que de partager le fruit des productions de recherche de la permanence. C’est un grand coup de cœur pour moi, cette cohésion, cette famille où toutes et tous se complètent à merveille.

Ensuite, la générosité des membres bénévoles à la table du Conseil, mais aussi au sein de chaque comité et de chaque commission, qui contribuent grandement à enrichir la pensée du Conseil. À titre d’exemple, avec la pandémie, le Conseil avait le souci de rester en contact avec les gens sur le terrain; nous avons donc mis sur pied des cellules‑Conseil avec les membres de nos commissions au cours desquelles des rencontres, effectuées sur l’heure du midi et à l’occasion de leurs nombreuses activités, nous ont permis de savoir ce qui se passait dans les différentes régions du Québec, et ce, à tous les ordres d’enseignement.

Pour finir, le fonctionnement du Conseil est un coup de cœur. Le processus de recherche, les consultations auprès des membres et des personnes-ressources sur le terrain ainsi que les délibérations au sein des instances mènent à la production de documents qui sont le reflet de l’expérience du Québec. Ces documents unissent à la fois la recherche, la pensée du Conseil et l’expérience acquise sur le terrain. Ce sont des documents uniques.

À votre avis, quel est le plus grand défi auquel sera confronté le milieu de l’éducation dans la période après-COVID?

Le Conseil avait déjà déterminé et signalé des problèmes dans le passé (la fracture numérique, les iniquités sociales, la santé mentale, l’évaluation, etc.). La pandémie est venue exacerber tous ces problèmes, pour lesquels une solution à très court terme n’est pas envisageable, à moins de revoir nos pratiques de façon systémique et dans le très long terme. Le prochain rapport sur l’état et les besoins de l’éducation se penchera d’ailleurs sur une analyse de la réponse du système éducatif à la pandémie de COVID-19. Il faudra rester à l’affût…

 


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